Les Nouvelles Aventures d’Aladin – Arthur Benzaquen (réalisateur) et Daive Cohen (scénariste)

Une véritable chiure

Pays fondateur du médium cinématographique, La France détient une riche culture. D’abord, des cinéastes tels François Ozon, Claude Chabrol, Luc Besson, Maurice Pialat, Serge Gainsbourg, Michel Ocelot, Jean Cocteau, Marjane Satrapi, et Agnès Varda; qui ont apportés des grandes oeuvres au patrimoine national. Tandis que des acteurs tels Isabelle Huppert, Jean Marais, Josette Day, Charlotte Gainsbourg, Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, et Danielle Darrieux ont faits leurs renommées à travers le monde. Tout cela dans des genres aussi variés que le drame, la comédie, la tragédie, et la tranche de vie. Néanmoins, tout comme le cinéma Hollywoodien et ses blockbusters assourdissants, le cinéma français a aussi son propre talon d’Achille. Qui est la “comédie populaire” française. Genre décrié pour son humour potache, son écriture complaisante, ses stéréotypes exaspérants, ses acteurs médiocres, et son premier degré des plus infantiles et mauvais. Un genre qui a créé dans le monde de nombreux détracteurs envers le cinéma français, qui refusent d’écouter les films français pour toutes les raisons que j’ai mentionné précédemment. Un genre qui continue malheureusement à attirer les foules du pays.

Notamment cette production; Les Nouvelles Aventures d’Aladin.  Une histoire de 2015 qui a cumulée des recettes atteignant le numéro 1 au Box-Office. Et même des critiques élogieuses dont celle du Parisien qui, sur la pochette DVD, prétend que le film est un “Spectacle assuré”. Pourtant, si on en juge les commentaires négatifs sur YouTube et IMDB, cette comédie est loin de ravir les gens qui ont un minimum de bon sens. D’autant plus qu’une suite est sortie récemment (Alad’2; quel hilarant jeu de mots) et les critiques étaient encore pires, dénonçant son contenu comme une insulte au cinéma français étant donné son financement par la Compagnie Pathé. Ce qui fait dès lors que j’ai visionné ce film avec une copie usagée; achetée dans une brocante. Ainsi, mon argent n’irait pas dans les poches de ce Studio si ce projet était effectivement mauvais.

Visionnement que je ne regrette pas car il m’a permis de confirmer une bonne fois pour toute l’impertinence de ce film pour le bataillon francophone, mais aussi la médiocrité de la “comédie populaire” française. Car en effet, ce film représente à lui seul tout ce qui a de mauvais dans ce divertissement de masse.

Film dont je résume l’histoire rapidement:

Alors que lui et un ami tentent de faire un cambriolage dans les Galeries LaFayette la veille de Noël, Sam, accoutré d’un costume de Père Noël, se retrouve occupé à raconter une histoire aux enfants du magasin. Celle des aventures d’Aladin. Remixé sous les humeurs de Kev Adams. Car oui, Kev Adams est l’acteur qui joue le rôle de Sam. Et bien que je n’ai rien contre l’individu, j’ai beaucoup de critiques envers le genre de rôles, d’humour et d’histoires qu’il fait. Des rôles d’adolescent immature ou d’homme-enfant plutôt médiocres, où l’humour très juvénile prend le dessus sur l’intelligence.

Car loin de m’amuser et de me divertir, ma réaction à toute l’histoire et l’humour du film est semblable à celle de ce personnage dans la série Jojo`s Bizarre Adventure.

En effet, dans cette version comique des aventures d’Aladin, dont nous connaissons tous le déroulement et dénouement, les personnages rappellent les penchants réels du quotidien de Sam. Concept qui auraient pu être bien si les personnages n’étaient pas aussi pauvres et archétypés. Notamment le vizir méchant; la princesse belle, mais séduisante et garce; la bonne imbécile; le sultan vieux jeu et naïf; et surtout des enfants immatures et stupides; notamment l’un d’eux qui demande à Sam quand est-ce qu’arrive les cadeaux de Noël (eh bien, le jour ou la veille de Noël, voyons). Bref de quoi exaspérer les spectateurs qui se retrouvent avec Michel Blanc et Jean-Pierre Rouve jouant des scènes ridicules. D’autant plus que le film est pollué d’humour pipi-caca, de références culturelles peu subtiles et gratuites du Seigneur des Anneaux (“Mon précieux” de Gollum) ou de La Guerre des Étoiles (“Je suis ton père”), et même des stéréotypes aussi offensants et inacceptables que celui de la jacquette volante; qui a par ailleurs déplu à plusieurs personnes de la communauté gay. Dont moi par ailleurs car oui, je suis gay, et je n’ai pas du tout trouvé ces blagues amusantes; je les ai trouvé homophobes et insultantes. D’autant plus qu’à d’autres moments du film, les personnages emploient des situations sexistes envers les femmes qui sont traitées comme des objets sexuels, les hommes comme des pervers, mais exploitent aussi des traitements racistes pour différentes cultures et nationalités. Ce qui a consterné de nombreux spectateurs.

Et c’est triste que très peu de médias publics ont dénoncé ces préjugés inclus dans le film car cette production est principalement destinée aux fans de Kev Adams, bref à des jeunes et des ados. Et cela me pose problème car ceux-ci ne risquent pas de se rendre compte de la nature même de toutes ces blagues et risquent de penser que l’homosexualité est une déviance qui doit être méprisée. Et pour moi qui suis gay, je trouve cela répugnant qu’un tel film ait eu de riches recettes et que des entreprises comme Pathé se sont mis à financer une telle daube. 

Et bien que j’admets que le travail photo et la production artistique est correcte, il en reste que tout ce foutoir de scénario qui se veut comique alors qu’il ne l’est pas, qui se veut rejoindre les jeunes alors qu’il les insulte en pleine figure, reste un gros gâchis. D’autant plus que les acteurs jouent très mal leurs rôles et que la réalisation est médiocre, avec des coupes de montage qui fatiguent les yeux.

D’ailleurs, question acteurs, je me demande pour quelles raisons ceux-ci s’embarquent dans de tels manèges. Pour payer le loyer, pour enrichir le CV, parce que la popularité actuelle de l’acteur principal permettra aux autres artistes de se faire connaître? Et pourquoi est-ce que des producteurs et studios doivent toujours rabaisser les scénarios par le bas? Est-ce par pensée de rejoindre la plus grande masse? Par paresse d’esprit? Parce qu’ils se disent, “Oh, les gens se fichent de ce qu’ils regardent. Ils veulent juste se défouler après une grosse journée, ils veulent s’évader et avoir du bonheur.”? Et est-ce que c’est aussi ce que pensent plusieurs des spectateurs? Si oui, eh bien alors je les plains royalement. Royalement de chez royalement. Parce que si c’est pour rire et se détendre, il existe de meilleures productions plus drôles, mais aussi plus intelligentes. Que ce soit Louis de Funès, Monty Python, Woody Allen, Mr. Bean, ou South Park qui ont le mérite de traiter le public avec respect. Et puis qu’est-ce que c’est que cette idée qu’être intelligent et faire réfléchir les gens, c’est être chiant et prétentieux? Est-ce si mal que cela de traiter les spectateurs comme des êtres avec un cerveau?

Alors, à qui la faute que ce désastre d’Aladin soit produit et soit un succès? Serait-ce la faute non pas d’un, mais de nombreuses personnes; soit les spectateurs qui associent intelligence avec prétention et veulent se distraire avec des trucs qui rejoignent la masse, soit les producteurs cupides et paresseux, soit les acteurs opportunistes ou en manque d’argent, soit les équipes de production qui participent à ce projet pour les mêmes raisons.

Bref, tout ceci est une réflexion et un paquet de questions que je me pose et qui au final, ne me donnent pas envie de rembarquer dans l’aventure de la comédie populaire française. Et qui me fait dire à ceux qui me lisent que si vous voulez vraiment voir de l’humour, de l’évasion, de l’aventure, et du bonheur, prenez la peine de vous renseigner sur un film. Allez sur Internet, regardez plusieurs commentaires que des spectateurs mettent, et réfléchissez sur ce que vous voulez voir. Car chaque somme d’argent qui va dans les poches de ces studios nourrissent encore et encore la production de telles daubes. Et si vous voulez vraiment visionner le film, attendez une sortie en bibliothèque publique ou en version usagée dans un magasin.
Et c’est ainsi que j’encourage les gens de faire; soit en achetant une copie usagée, soit en l’emprutant à la bibliothèque locale. Ainsi vous pourrez visionner le film en toute conscience, tout en vous rassurant que les studios et artistes impliqués ne feront pas un sou de votre visionnement.

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