Kirikou et les Bêtes Sauvages – Michel Ocelot et Bénédicte Galup

Aussi sublime que Kirikou et la Sorcière

Ce film, situé durant l’histoire de Kirikou et la Sorcière, entre l’instant où la source maudite est libérée et la discussion où la mère de Kirikou lui révèle l’existence de son grand-père derrière la Montagne Interdite, est composé de plusieurs histoires courtes où Kirikou vit des aventures avec des animaux et affronte diverses attaques de Karaba la Sorcière. Des aventures qui permettent à Michel Ocelot de montrer en plus approfondi la faune de l’Afrique de L’Ouest qui n’avait pas été si présente que cela dans le premier film. En effet, on y retrouve des lions, des buffles, des hyènes, des girafes, des cygognes, des rhinocéros, mais aussi de sublimes paysages d’Afrique. Notamment durant un épisode où Kirikou se retrouve dans une sacrée randonnée sur la tête d’une girafe. Qui rappelle par ailleurs d’importants lieux de ce continent.

Quant aux interactions des personnages, ceux-ci restent identiques à ceux du premier film. Les villageois sont assez méfiants et superstitieux à l’égard des conseils et jugements de Kirikou, sa mère reste toujours sage, et les autres enfants prennent plaisir à ignorer les conseils de cet enfant. Mais d’un autre côté, nous découvrons aussi des détails plus enrichissants sur cet univers. Notamment sur la culture jardinière de ce village, mais aussi celle de la poterie africaine que certains personnages feront pour subvenir à leurs besoins. Ce que Michel Ocelot présentera avec rigueur et précision. Notamment les fourneaux traditionnels qui doivent cuire pendant plusieurs heures, même la nuit. Enfin, le dernier épisode présentera une grande unité entre les enfants du village qui devront s’occuper de la situation suite à une crise affreuse. Une histoire dramatique appropriée pour finir le film dans une grande tension.

Ainsi, l’intrigue présente près de quatre épisodes que le grand Sage expliquera, démontrant l’importance des actions de l’enfant Kirikou dans sa communauté et durant son combat contre Karaba la Sorcière. Mais d’un autre côté, tout ceci me fait dire qu’il y aurait eu potentiel pour une série télé. Pas nécessairement avec 65 épisodes, mais aux alentours de treize à vingt-six épisodes. Fort heureusement, Michel Ocelot a continué ce défi narratif à travers des albums qu’il a illustré et dessiné avec son équipe du film. Qui contient d’ailleurs Bénédicte Galup, co-réalisatrice sur ce film étant donné que Michel travaillait en parrallèle sur Azur et Asmar, son premier long métrage 3D. Ainsi, Bénédicte a pu travailler sur des tâches de gestion qui auraient pu surcharger le plan de travail de cet homme, mais aussi comme co-scénariste; avec Marie Locatelli et Philippe Andrieu. Qui chacun et chacunes ont apportés d’excellentes intrigues narratives sur Kirikou et les Bêtes Sauvages.

Quant à l’animation, ce film est du dessin traditionnel sur papier, mais numérisé par ordinateur, tout comme les décors et la couleur ont été travaillées sur cet appareil. Et contrairement au premier film, le travail d’animation est encore mieux contrôlé sur cette production. En effet, les animations sont plus contrôlés et les mouvements beaucoup plus fluides. Néanmoins, je trouve dommage que pour les danses à la fin de chaque épisode, beaucoup des personnages réutilisent les mêmes cycles de mouvement. En effet, J’aurais trouvé plus intéressant qu’on emploie des mouvements différents à chaque fois pour les personnages qui se retrouvent avec des réutilisations identiques.

Quant aux performances vocales, bien que certaines des voix sont différentes du premier film, on ressent encore la même magie que dans le premier opus. D’ailleurs, cela est un vrai plaisir de voir Awa Sene Sarr de retour dans le rôle de Karaba la Sorcière. Sa voix est impressionante et son jeu mémorable.

Quant aux DVDs du film, ceux-ci démontrent les coulisses du projet, notamment les animateurs au travail, mais aussi l’accueil à Cannes d’un des épisodes à un public.

En bref, ce film est un autre beau travail venant d’un grand conteur universel qui traite son public avec respect et intelligence.

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