Les Trois Inventeurs – Michel Ocelot (réalisation et scénario)

Magnifique court métrage de Michel Ocelot

Suite à son travail sur la série télévisée Gédéon, Michel Ocelot s’est lancé dans un nouveau projet d’animation. Un court métrage de douze minutes intitulé Les 3 Inventeurs.
Une histoire impressionnante de cet animateur qui nous dévoile son plaisir à animer des récits. Le tout avec des découpages en papier blanc sous des arrière-fonds colorés. Une histoire originale entièrement écrite par lui et impliquant le compositeur Christian Maire à la musique.

Une histoire se déroulant au dix-septième ou dix-huitième siècle, dans un pays lointain, où une famille d’inventeurs (grand inventeur, grande inventrice et petite inventrice) vivent dans un manoir géant qu’ils ont eux-mêmes construit. Dans ce domaine, les trois membres y construisent des inventions qu’ils espèrent présenter au monde. Afin d’aider les gens dans leur quotidien. Et de ces machines volantes ou terrestres, les travaux sont magnifiques. Révolutionnaires. Un peu trop même.

Car malheureusement, la population réagit mal à cette famille et à ses constructions qu’elle trouve bizarres, dérangeantes ou blasphématoires. Provoquant un bouleversement de la population auquel les inventeurs ne s’attendaient pas. À une situation dramatique.

Avec ce court-métrage, Michel Ocelot a épaté le public par sa minutie et les détails techniques de son animation alors qu’il travaillait seul, à l’intérieur de la maison de Jean-François Laguionie, l’un de ses animateurs préférés. D’ailleurs, que le réalisateur ait pu accomplir par lui même un film avec des moyens restreints sans l’aide d’assistants, ou d’ordinateurs, est incroyable. Considérant qu’aujourd’hui, l’informatique lui aurait permis de faire son travail plus rapidement et de monter avec plus de facilité ses images et ses effets d’animation, Les 3 Inventeurs est une belle leçon aux jeunes générations sur l’art de produire un court métrage sans les technologies qu’ils prennent pour acquis aujourd’hui.

Parallèlement, Michel Ocelot raconte dans son film ce qu’il s’apprêterait à faire avec ses séries Cinési, Dragons et Princesses, et ses films Princes et Princesses et Les Contes de La Nuit. Des histoires originales ou une adaptation libre de contes de fées avec des découpes en papier. Quant à l’intérêt de faire un film en papier découpé, c’est en réponse aux critiques qui ont vu son émission Gédéon et qui lui ont reproché d’animer cette série en papier découpé, une technique qu’ils trouvaient amateur et médiocre. À leurs remarques, Michel Ocelot leur a répondu en réalisant tout cette production en papier découpé. Et en le montrant de manière flagrante dans tous les plans. Belle façon de prouver comment il n’y a rien de honteux avec ce support artistique et qu’avec des objets tout simples, on peut produire du merveilleux. D’ailleurs, dans le cas de certaines séquences, le travail d’animation manuel est impressionnant puisque pour certains moments, les inventeurs sont dans leurs machines et les rouages qu’ils emploient sont détaillés et compliqués et ne doivent jamais être omis dans leur mouvements et photographies. Sinon, le travail serait gâché et les plans désastreux.

Au sein de l’équipe de production, Christian Maire a travaillé sur la musique. À l’aide d’un célesta, un instrument que l’on appelle aussi piano-cloche, il nous plonge dans une ambiance 17e-18e siècle de l’histoire. Et dès les premières notes, le compositeur nous émerveille avec sa partition. Une musique grandiose, qui démontre la magie des récits du réalisateur, ainsi que leur poésie. Prouesse qui sera encore présente dans toutes les productions auxquelles il participera, quoiqu’avec plus de moyens que dans ce Les 3 Inventeurs, qui reste malgré tout à budget restreint.

D’ailleurs, c’est justement là, la beauté de ce classique du cinéma français. Un appel à la créativité par la simplicité, par des objets ordinaires (papier découpé et serviettes en papier) qui ensemble, permettent une présentation de la vie vécue par des protagonistes et antagonistes dans leur univers parallèle. Ici, dans un court métrage de douze minutes qui nous émerveille et nous émeut.

Car à travers cette histoire, Les 3 Inventeurs est un appel à l’ouverture d’esprit et à la dénonciation de l’ignorance employée par une société sous couvertures de politiques, de religions, et de lois. Un thème qui sera présent dans son deuxième court-métrage: La Légende du Pauvre Bossu. Impliquant encore Christian Maire à la musique. Un court métrage magnifique dont je ferai la critique prochainement.